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GEREC-F DEMOLI |
Pour repérer des travaux pointus dans votre domaine de recherche, vous allez devoir chercher les articles parus dans des publications périodiques (revues scientifiques). Or les articles des revues ne sont pas directement indexés par les catalogues de bibliothèques, qui ne créent de notice que pour chaque revue, globalement. Lorsque vous faites une recherche de livres, si vous interrogez le catalogue sur le terme « sociolinguistique », vous aurez directement accès à tous les livres qui contiennent ce mot dans leur titre ; pour les articles de revue, il en va différemment : si vous recherchez le terme « alternance codique », vous ne recueillerez aucun article, même s'il y en a des dizaines, parce qu'aucune revue n'est à ce point spécialisée qu'elle contienne l'expression « alternance codique » dans son titre. Les articles sur l'alternance codique sont publiés dans des revues qui s'appellent Études de linguistique appliquée, Cahiers du français contemporain, Plurilinguismes ...
Il est pourtant indispensable de chercher à se documenter sur ce qui a été publié sous la forme d'articles, tant il est vrai que la plus grande partie de la communication scientifique pointue se fait par l'intermédiaire des revues.
Comment faire, donc, pour trouver les références exactes des articles qui peuvent vous intéresser parmi la masse des articles publiés par les Cahiers du français contemporain ?
Le service documentation de l'UAG met à votre disposition un certain nombre de ressources disponibles en ligne. Elles sont accessibles à partir de la page E-Journals (où vous retrouverez d'ailleurs aussi des pointeurs vers des catalogues de bibliothèques déjà mentionnés ci-dessus, ou vers le méta-catalogue SUDOC). Ce service est géré par Mme Anne Pajard (), du S.C.D. de Martinique, à qui vous pouvez vous adresser pour des questions pointues concernant les abonnements, les ressources électroniques, ou l'évolution du service.
En premier lieu, à partir de cette page, vous pouvez avoir accès à toute une série de bases de données bibliographiques. Les bases de données bibliographiques recensent des résumés d'articles parus dans des millier de publications périodiques dans le monde. Voici quelques unes des plus utiles aux chercheurs en Sciences Humaines et Sociales :
MLA International Bibliography (éditée par la MLA, Modern Languages Association) : http://www.mla.org/bibliography
Current Contents (éditée par Thomson/ISI) : http://www.isinet.com/products/cap/ccc
FRANCIS (éditée par l'INIST-CNRS) : http://www.inist.fr/PRODUITS/francis.php
PASCAL (éditée par l'INIST-CNRS) : http://www.inist.fr/PRODUITS/pascal.php
Vous pouvez les utiliser pour repérer les articles qui peuvent vous intéresser, et filtrer ensuite ceux qui vous sont accessibles.
Sur le réseau de l'Université des Antilles-Guyane, ces bases de données sont accessibles à partir de la page de recherche du serveur « Silverplatter » (http://spweb.silverplatter.com/c56746?).
Les fiches de ces bases de données vous donnent accès aux informations essentielles vous permettant (a) de savoir de quoi parle l'article (le résumé), et (b) d'avoir ses références exactes (nom de l'auteur ou des auteurs, titre, périodique de publication, numéro et année [le cas échéant volume]).
Vous n'avez pas de moyen plus sûr de repérer les articles que ces bases de données — sauf à les trouver par une recherche sur le web, mais le procédé est aléatoire (certaines revues mettent en effet leur sommaire sur le web, mais pas toutes ; et certains auteurs mettent leur liste de publications sur le web, mais pas tous ...). Il est important de penser à faire systématiquement et régulièrement des recherches dans ces bases de données, afin d'avoir accès au contenu des revues.
Par ailleurs, pour les revues non recensées dans la base mentionnée ci-dessus, il existe d'autres possibilités de recherche. Consultez notamment les sites portail d'information scientifique (cf. ci-dessus, §4.3) pour retrouver d'autres catalogues de revues scientifiques.
Pour ce qui concerne plus particulièrement la région des Caraïbes, notez que l'University of the West Indies (université anglophone de notre région — comme l'UAG, elle a trois pôles, mais les siens se trouvent en Jamaïque, à Barbade, et à Trinidad) met à votre disposition, à travers le site de l'INASP, une bibliographie électronique d'articles publiés dans les Caraïbes : cette bibliographie électronique, CARINDEX, est accessible à l'adresse : http://www.inasp.info/iah/. Lorsqu'une publication indexée dans cette base vous intéresse, vous pouvez en demander la reproduction à la bibliothèque de l'UWI (contact : Mme Kathleen Helenese-Paul, ). Ce service coûte 75 centimes trinidadiens par page pour la photocopie (soit environ 9 centimes d'euro au cours de janvier 2005), plus les frais d'envoi. Notez que la reproduction des documents référencés est dans certains cas soumise à l'approbation des auteurs — vous pourrez en savoir plus au cas par cas.
Enfin, si vous repérez des revues qui vous intéressent, pensez à regarder si elles n'ont pas de site web (en cherchant par exemple leur nom exact sur Google). Si c'est le cas, il se peut que vous y trouviez les tables des matières des numéros publiés ou à venir.
Lorsque vous avez repéré un article de revue qui vous intéresse — soit grâce aux bases de données bibliographiques mentionnées ci-dessus, soit par un autre moyen —, votre objectif est d'arriver à l'avoir entre les mains pour le lire. Commencez par cliquer sur le lien « voir notice complète » au-dessous du résumé de l'article choisi, et notez bien le nom de la revue. Il s'agit tout d'abord de savoir où elle se trouve. Puis d'y avoir accès. Pour cela, vous avez quatre méthodes ...
La méthode simple et gratuite : la revue se trouve dans la bibliothèque proche de chez vous : c'est ce que vous pouvez vérifier (1) soit en recherchant directement sur le catalogue de votre bibliothèque (cf. ci-dessus, §5.1), (2) soit, après avoir directement effectué une recherche dans SUDOC (voir ci-dessous, « méthode compliquée »), en remarquant que votre bibliothèque figure dans la liste des bibliothèques où cette revue est disponible.
Dans ce cas, il vous suffit naturellement d'aller consulter la revue là où elle se trouve, à la bibliothèque, en notant bien entendu soigneusement à l'avance les références exactes de l'article (auteur, titre, nom de la revue, année de parution, le cas échéant « volume », numéro de parution, première et dernière page), afin d'être sûr de bien trouver l'information recherchée une fois sur place.
Notez qu'à partir de la page E-Journals (déjà citée ci-dessus, §6.1) du site web de la bibliothèque de l'Université des Antilles-Guyane, vous pouvez accéder directement à la liste des périodiques disponibles dans votre université. Vous pouvez pour cela :
soit accéder à la liste complète, classée par ordre alphabétique de l'initiale du titre de la revue (en haut de la page) ;
soit rechercher par une sous-chaîne de caractères du titre de la revue, dans l'interface de recherche (à droite, dans la rubrique « recherche par titre ou abréviation ») : une recherche sur la chaîne « lingu », par exemple, vous renvoie à la fois les Études de linguistique appliquée et le Journal of Neurolinguistics ;
soit rechercher par rubrique thématique (à gauche).
Parmi les résultats que vous voyez s'afficher, certains sont consultables directement sur votre écran d'ordinateur. La bibliothèque dispose en effet d'abonnements « papier », mais également d'abonnements électroniques. Vous pouvez voir quelles sont les revues consultables directement en ligne en observant la petite icône située à gauche du titre de la revue dans le catalogue : s'il s'agit de la représentation d'un petite feuille de papier, vous devez aller à la bibliothèque pour consulter la revue ; s'il s'agit de celle d'un petit ordinateur, vous pouvez la consulter directement en ligne ; si vous voyez l'icône d'un petit disque, c'est un support CD-ROM (qui est lui aussi consultable sur place, à la bibliothèque).
Lorsque la revue est disponible en ligne (dans le cas où l'icône représente un petit ordinateur), vous pouvez cliquer sur le lien et aller chercher le document qui vous intéresse directement sur le site de la revue (il est préférable, même à ce stade, que vous ayiez déjà — comme vous l'auriez fait pour aller consulter une revue papier —, convenablement noté les références ; cela étant, les sites des revues mettent en général à votre disposition des moteurs de recherche internes).
N.B. Certaines des ressources disponibles en ligne sont à la disposition du grand public ; vous pourriez aussi bien les obtenir depuis votre ordinateur personnel, en vous connectant de chez vous ; d'autres sont mises à votre disposition dans le cadre d'un accord d'abonnement entre la bibliothèque de votre université et l'éditeur ; dans ce dernier cas, vous ne pouvez y avoir accès que depuis l'un des ordinateurs de l'université (le site effectue une reconnaissance d'adresse IP pour déterminer si vous appartenez à un réseau « autorisé »). Enfin, dans certains cas, l'accès à la ressource électronique est soumis à l'identification par un mot de passe ; vous vous en apercevrez si vous obtenez un message d'erreur vous recommandant de vous rapprocher de la bibliothèque pour obtenir le mot de passe. Si vous faites partie des personnes « autorisées » (chercheurs, étudiants effectuant un travail de recherche ...), vous pouvez obtenir un mot de passe en remplissant un formulaire auprès du S.C.D. (Service Commun de Documentation).
La méthode simple et payante : la revue ne se trouve pas dans votre bibliothèque, mais elle se trouve dans les catalogues d'une maison d'édition offrant un accès électronique, et vous avez plein d'argent dont vous ne savez pas quoi faire. Dans ce cas, vous pouvez commander l'article qui vous intéresse à travers le site web de la maison d'édition, payer en fournissant votre numéro de carte bleue, et attendre que l'article en version PDF apparaisse sur votre écran. C'est aussi simple qu'un clic, mais ça n'est pas (en général) gratuit : la consultation d'un seul article peut facilement coûter 15 ou 20 euros (mode de consultation « pay-per-view »).
Certaines maisons d'édition (comme Kluwer, Springer, ou Elsevier) vous proposent ainsi de consulter leurs catalogues sur la Toile, et de retrouver les articles qui peuvent vous intéresser à partir d'une recherche par mots-clés. L'article est ensuite disponible en format PDF ... parfois gratuitement, mais le plus souvent non.
Voici une liste non-exhaustive de sites d'éditeurs de journaux proposant un accès payant en ligne et pouvant proposer des documents d'intérêt pour les sciences du langage :
‣ | Blackwell Publishing : | http://www.blackwellpublishing.com/ ; |
‣ | Cambridge University Press : | http://journals.cambridge.org/ ; |
‣ | Elsevier : | http://www.sciencedirect.com/ ; |
‣ | John Benjamins Publishing Company : | http://www.benjamins.com/ ; |
‣ | Kluwer : | http://www.kluweronline.com/ ; |
‣ | MIT Press : | http://mitpress.mit.edu/ ; |
‣ | Oxford University Press : | http://www3.oup.co.uk/jnls/ ; |
‣ | Taylor & Francis (incl. Routledge et Carfax) : | http://www.tandf.co.uk/journals/ ; |
‣ | Springer : | http://springerlink.com/. |
Vous pouvez également passer par un service centralisé de commandes d'articles scientifiques comme celui de l'INIST (Institut de l'Information Scientifique et Technique du CNRS) : ArticleSciences (http://articlesciences.inist.fr/), ou passer par les sites de redistributeurs d'information scientifique comme MUSE (http://muse.jhu.edu/) ou Ingenta (http://www.ingentaconnect.com/).
N.B. Cela étant, votre bibliothèque universitaire est peut-être, elle, abonnée à l'un de ces sites — auquel cas il vous suffit d'aller consulter l'article sur l'un des postes informatique de la bibliothèque : vous êtes ramené à la méthode « simple et gratuite » décrite ci-dessus.
La méthode compliquée : l'article ne se trouve pas dans votre bibliothèque, mais dans une ou plusieurs autres bibliothèques de France (ou éventuellement d'Europe). Pour vous en rendre compte, et savoir où elle est localisée, vous pouvez faire une recherche sur le méta-catalogue SUDOC (cf. ci-dessus, §5.2).
Tout d'abord, chargez le formulaire de recherche de SUDOC en cliquant sur « catalogue » ; ensuite, cliquez sur « recherche avancée » : ceci vous permettra de rechercher spécifiquement un titre de périodique (cela vous évitera de récupérer en même temps toutes les fiches des livres ayant les mots « linguistique » et « appliquée » dans leur titre, par exemple : cela noierait un peu l'information utile). Continuez en « dé-sélectionnant » tous les types de publication autres que les périodiques. Enfin vous pouvez rechercher la revue qui vous intéresse en entrant son titre dans le champ « mot du titre », puis en cliquant sur « recherche ».
La revue apparaît : c'est qu'elle est listée dans SUDOC. Cliquez sur son titre, et une notice détaillée va s'afficher (éditeur, périodicité, numéro ISSN, etc.). Cliquez maintenant sur « localisation » : la liste des bibliothèques où cette revue est disponible s'affiche.
Si vous vous apercevez à cette occasion que la revue se trouve dans votre bibliothèque locale, vous retombez sur le cas de la « méthode simple » ci-dessus.
Si ce n'est pas le cas, il vous reste à noter les coordonnées très exactes de l'article recherché, puis à remplir un formulaire de demande de prêt entre bibliothèques (cf. ci-dessus, §5.1).
la revue n'apparaît pas : elle ne se trouve dans aucune des bibliothèques référencées par SUDOC.
Il vous reste alors la quatrième méthode :
Entrer en contact avec l'auteur : vous allez devoir y avoir recours si pour une raison ou une autre, vous ne pouvez pas avoir accès au système de P.E.B., ou si la revue que vous recherchez n'est disponible dans aucune des bibliothèques indexées par SUDOC.
Caveat : si vous êtes dans ce second cas de figure (revue absente de toutes les bibliothèques françaises), faites une pause avant d'aller plus loin et demandez-vous si vous êtes sur une piste sérieuse. Il se peut que ce ne soit pas le cas.
Il est en effet parfaitement légitime et utile, dans certains cas, d'aller chercher un article paru dans une revue inconnue des bibliothèques universitaires françaises. Cela peut être ainsi par exemple parce que la revue est rédigée dans une langue que vous-même lisez, mais qui est trop peu répandue en France pour justifier de nombreux abonnements (coréen par exemple) ; cela peut être parce que la revue est trop spécifiée pour intéresser un large public en France, alors même qu'elle a, sur votre sujet de recherche précis, publié un article particulièrement intéressant, et dont vous aurez peu de chances de trouver l'équivalent dans des revues plus largement accessibles (exemple d'un article sur l'alternance tutoiement/vouvoiement en espagnol d'Amérique Centrale, paru dans la revue de philologie et de linguistique de l'Université du Costa-Rica) ... D'une manière générale, il est tout à fait honorable, et même recommandable, de chercher à sortir des chemins déjà bien connus dans le monde académique français pour aborder un sujet — surtout lorsque vous travaillez sur un thème extérieur au monde français, auquel cas l'aborder avec les seuls outils répandus dans le microcosme scientifique français devient une expérience aussi stupide et aussi frustrante que celle consistant à visiter un pays en n'allant qu'aux endroits indiqués par le Guide du Routard.
Cependant, et tous ces encouragements à l'esprit de découverte ayant été dûment formulés, il faut également rester sur ses gardes. Il y a aussi des cas où, si aucune bibliothèque française n'a jugé utile de s'abonner à une revue, c'est que ce n'est tout simplement pas une publication scientifique sérieuse — ou recommandable !
Aucun signe n'est plus symptomatique, à cet égard, que les protestations de censure. Vous pouvez deviner par vous-même ce que vous pouvez penser d'un article qui commence par le paragraphe de présentation suivant : « Les Nègres furent les premiers fondateurs de la Grèce antique - INUTILE D'ALLER CHERCHER DANS LES OUVRAGES HISTORIQUES ACTUELS CE QUE VOUS ALLER DÉCOUVRIR DANS CET ARTICLE. LA VÉRITÉ EST ICI ASSEZ DURE POUR LES TENANTS DU "MODÈLE ARYEN". D'OÙ LE SILENCE ACTUEL SUR LA QUESTION » (capitales dans le texte). Quand un auteur justifie le fait qu'il n'est pris au sérieux dans aucune publication scientifique par le caractère trop dérangeant de ses « révélations », il utilise le même schéma argumentaire que les hommes politiques d'extrême-droite qui proclament que si personne ne veut parler avec eux, c'est qu'ils sont porteurs de vérités qui dérangent ; cela doit vous mettre la puce à l'oreille et éveiller votre méfiance.
Dans le monde de la recherche et de l'université, en règle générale, on s'efforce de juger les travaux non pas en fonction de la sympathie qu'on éprouve pour leur contenu ou (pire encore) pour leur auteur, mais sur un certain nombre de critères d'objectivité scientifique. Ces critères incluent une documentation sérieuse sur le sujet traité, un questionnement mis à l'épreuve des faits ou des documents, une argumentation solide et de bonne foi, et le bannissement de toute attaque ad hominem dans les débats scientifiques. Lorsqu'un amateur dépourvu de formation et d'éthique scientifique s'essaye à publier ses spéculations personnelles dans des revues scientifiques, et se voit systématiquement refuser leur publication, il est parfois tenté de diffuser son texte par un autre canal (internet, revue associative, tirage à compte d'auteur ...), et crie à la censure. Un chercheur normal dont une proposition de communication est refusée pour une raison ou une autre ne crie jamais à la censure. La présence, dans un texte quelconque, d'une diatribe contre les censeurs qui empêchent la vérité de s'exprimer, est donc un indice certain du caractère non-scientifique du texte.
Supposons donc que vous savez que vous avez affaire à une communication scientifique sérieuse, que pour une raison ou une autre vous ne pouvez pas obtenir facilement. Dans ce cas, la solution qui reste consiste à rechercher les coordonnées de l'auteur et à lui demander de vous envoyer directement son travail.
Cela peut paraître une idée saugrenue si vous vous imaginez l'auteur de textes scientifiques comme un auteur de romans à succès (vous vous représentez donc la tête d'Umberto Eco à sa table, en train de recevoir un e-mail d'un admirateur antillais qui lui demande s'il veut bien lui envoyer par courrier électronique, en format PDF, la version française du Nom de la Rose, parce qu'il n'est plus en rayon à la Librairie Antillaise du centre commercial de Bellevue). En réalité les choses se passent assez différemment, et vous serez étonné du taux de succès de cette méthode. L'auteur de textes scientifiques n'est pas, en général, une vedette croulant sous le courrier de ses admirateurs ; c'est quelqu'un comme vous, de formation troisième cycle universitaire, qui, à l'Université du Québec à Rimouski, ou à l'Université de Bamberg en Bavière, a écrit quelques articles sur des sujets qui passionnent une demi-douzaine d'êtres humains sur la Terre, et se désespère de ne jamais être lu ni cité. La plupart du temps, si vous lui écrivez en lui disant « ce que vous faites m'intéresse », il bondit de joie et il est prêt à payer dix euros de frais de poste (ou tout au moins à les faire payer par son service) pour vous envoyer son article.
Dans le meilleur des cas, il dispose de la version électronique de sa publication, et peut vous l'envoyer sur le champ par retour du courriel. S'il tient à vous présenter une version papier qui soit le fac-similé exact de ce qui a été publié dans la revue, il peut encore dans beaucoup de cas le faire : en effet, lorsqu'on publie un article dans une revue, on reçoit en général un petit nombre d'exemplaires, non pas de la revue, mais de son propre article — exemplaires dénommés « tirés à part » qui sont justement faits pour être distribués indépendamment. Un auteur peut donc vous envoyer (s'il lui en reste et si vous avez l'air sérieux) un « tiré à part » par la Poste.
Comment faire pour retrouver les coordonnées de l'auteur ? Une
bonne tactique consiste à rechercher sur Google une chaîne de
caractères exacte contenant son nom et son prénom séparés par un
espace, et entourés de guillemets anglais (p.ex. : "pascal
vaillant"
). N'oubliez pas les guillemets (surtout si vous avez
affaire à un prénom et un nom assez courant), sans quoi vous
récupérerez en plus des centaines de pages mises en ligne par des
passionnés de généalogie, persuadés que le monde entier meurt
d'impatience de lire la liste de leurs 678 ancêtres et collatéraux des
douze dernières générations.
Avec un peu de chance, en fouillant parmi les résultats, vous trouverez des pages mentionnant l'auteur que vous chercher à contacter, avec son adresse électronique (par exemple la page décrivant l'équipe de recherche où il travaille).
Note : Il y a malheureusement de plus en plus de réticence à afficher directement les adresses électroniques, suite aux proportions qu'a pris le phénomène de spammage (diffusion tous azimuts de messages publicitaires à des millions d'adresses de courrier électronique collectées automatiquement sur le web). Des systèmes sont en train de se diffuser lentement pour combler la lacune créée par cette réticence ; si on est optimiste, on peut croire que la situation redeviendra un jour normale, et que le courrier électronique ne va pas rejoindre bientôt les antibiotiques au rayon des découvertes devenues inutilisables quelques décennies après leur invention, suite à une utilisation abusive.
Il existe également des annuaires de chercheurs, généralement regroupés par thématique de recherche, et mis en ligne par des associations scientifiques. Mentionnons, dans le domaine des sciences du langage, l'annuaire de l'ASL (Association des Sciences du Langage), disponible à l'adresse : http://assoc-asl.net/annuaire.html. L'AUF (Agence Universitaire de la Francophonie) met également à la disposition du public un annuaire de chercheurs francophones : http://www.chercheurs.auf.org/. Malheureusement, pour la raison mentionnée au paragraphe précédent, de plus en plus de chercheurs hésitent à publier directement leur adresse électronique sur des sites publics.
Si vous ne trouvez pas directement l'adresse électronique de l'auteur, vous avez souvent la possibilité de recueillir une adresse de contact générale, pointant vers le secrétariat d'une équipe de recherche ou d'un département universitaire, à laquelle vous pouvez écrire en expliquant qui vous êtes, et pourquoi vous souhaitez entrer en contact avec l'auteur. Avec un peu de chance et de bonnes manières, vous pourrez être mis en contact en fin de compte avec la bonne personne.
Il ne vous reste plus alors qu'à envoyer un petit message à la fois respectueux et avenant, du genre (mutatis mutandis) :
Madame, Je suis un étudiant de maîtrise de Sciences du Langage de l'Université des Antilles et de la Guyane, et j'effectue en ce moment un travail de recherche qui a pour but de modéliser le phénomène de l'expression de l'aspect en créole guadeloupéen en utilisant le formalisme grammatical HPSG. J'ai remarqué que vous aviez publié il y a quelques mois un article dans la revue *Cahiers Monégasques de Recherche en Linguistique Formelle*, intitulé « Paramètres d'inflexion du syntagme verbal dans les langues néo-romanes : questions sur l'applicabilité du modèle CP/IP/VP ». À la lecture du résumé de votre article, il me semble que celui-ci pourrait apporter un éclairage extrêmement intéressant aux problématiques auxquelles je me consacre. Malheureusement, la revue dans laquelle il est publié n'est pas accessible dans mon contexte de travail. Aussi, je me permets de vous contacter pour savoir s'il vous serait possible, sans trop de complication, de me faire parvenir un exemplaire à part de votre travail sous un format électronique. Si vous souhaitez en savoir plus sur mon travail, je me tiens à votre disposition pour vous informer plus en détail des recherches que je mène en ce moment. En vous remerciant d'avance de l'attention que vous avez bien voulu accorder à ce message, je vous prie de recevoir, Madame, mes meilleures salutations. Pierre Petitjean
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N.B. Lorsqu'on ne dispose pas de possibilités d'enrichissement typographique (dans le texte d'un courrier électronique, par exemple), il est d'usage de représenter l'italique en encadrant l'expression concernée de deux astérisques, comme ci-dessus avec le titre de la revue Cahiers Monégasques de Recherche en Linguistique Formelle.
L'exemple de message ci-dessus est en français, mais bien entendu, à moins d'être certain par ailleurs que la personne à qui vous écrivez est francophone, il faut utiliser la langue dans laquelle est rédigée la publication que vous souhaitez obtenir pour vous adresser à son auteur.
Contact : |
Pascal Vaillant |
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