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Histoire de l'analyse économique
Les recherches au sein de cet axe s'organisent en deux volets. Dans un premier volet, nous nous concentrons sur l'analyse du mécanisme de coordination via le marché. Deux approches sont plus particulièrement étudiées : l'approche walrasienne et l'approche autrichienne. Dans le second volet, nous nous intéressons aux travaux des grands économistes caribéens.
a. Deux approches complémentaires de la coordination marchande ?
Chez Walras, la notion de concurrence se veut d'emblée comme un des concepts clés de l'économie politique pure. Il s'agit d'une norme idéale et parfaite vers laquelle il s'agit de tendre. L'approche walrasienne de la concurrence débouche ainsi sur des considérations conceptuelles totalement opposées à celles des autrichiens en général dont bien évidemment Menger, qu'il s'agit d'étudier de façon approfondie. En effet avec Walras, la notion de concurrence sera consubstantielle à la notion d'équilibre économique général qui en arrive à l'établissement d'individus prenant leur décision en se guidant uniquement sur le prix des biens considéré comme seule source informationnelle acceptable. La concurrence parfaite walrasienne représentée sous sa version mathématique sera ainsi tout à fait cohérence avec la mathématisation économique de l'économiste de Lausanne. On constate en définitive que l'analyse du mécanisme de la coordination via le marché, mène inéluctablement à l'étude méthodologique des deux auteurs envisagés et nous conduit à préciser de façon claire leurs oppositions. En effet, le refus d'utiliser les mathématiques en économie chez Menger s'oppose de façon explicite au projet walrasien d'une mathématisation économique pleine et aboutie. La méthodologie walrasienne ainsi que sa volonté de fonder méthodologiquement une discipline économique véritablement scientifique contraste fortement avec la vision mengerienne de la concurrence. C'est cette version walrasienne qui est désormais l'orthodoxie, la norme moderne de la micro-économie qui s'oppose explicitement à la version autrichienne de la concurrence.
En effet, le terme de concurrence revêt une signification radicalement différente pour les auteurs autrichiens. La tradition autrichienne naît des travaux de Carl Menger à la fin du 19ième siècle. Il est intéressant de constater que le fondateur de cette école de pensée est reconnu comme l'un des trois fondateurs de la révolution marginaliste. Une analyse plus détaillée de ses travaux laissent transparaître des différences profondes avec la logique marginaliste, en particulier au niveau de la dimension subjective de l'analyse, du rôle des mathématiques et du statut du concept d'équilibre. L'approfondissement de ces différences sera à l'origine de l'épanouissement de la tradition autrichienne. Contrairement à l'usage traditionnel du terme de concurrence comme structure de marché, les autrichiens utilisent d'emblée le terme de concurrence dans un sens dynamique. Cet usage hétérodoxe est à l'origine de nombreuses incompréhensions avec le reste de la profession, d'autant plus que cette différence sémantique ne sera explicitée que tardivement : ainsi, Walras et Menger ne parviennent pas à s'entendre et unir leurs efforts de recherche pour hâter l'avènement d'une école de pensée nouvelle balayant les schémas classiques ; la génération successive est marquée par le débat sur la planification qui oppose Mises et Hayek aux socialistes de marché. Là encore, il ressort que l'origine des désaccords proviennent d'une signification différente accordée au terme de concurrence. Dans les années 40s enfin, les autrichiens avec Hayek en particulier, définissent le concept de concurrence comme un processus de découverte et de diffusion des connaissances. Il est possible à partir de là de définir un véritable programme de recherche autrichien et de le positionner par rapport au programme de recherche walrassien comme une perspective plus complémentaire qu'alternative : Walras s'intéresse aux caractéristiques de la configuration d'équilibre général, Menger s'intéresse au processus qui mène à cette configuration d'équilibre. Cette division des taches est reproduite de nos jours entre néowalrassiens et autrichiens modernes.
b. L'économie politique caribéenne
Ce second axe de recherche s'inscrit ainsi pleinement toujours dans le cadre de recherches en Histoire de l'analyse économique avec un objectif double :
Une analyse :
" D'abord des économistes Classiques européens du XVIIIème et du XIXème siècles sur le système colonial et l'esclavage. En effet, il semble de plus en plus clair que les économistes européens de cette période - comme par exemple Smith ou Say - se sont intéressés aux colonies et au système esclavagiste.
" Ensuite, une analyse des économistes non professionnels (administrateurs et gouverneurs …) sur le système colonial et l'esclavage. L'avis de ces " non professionnels nous semble pertinent car en dehors des économistes d'Europe, plusieurs analyses furent faites qu'il s'agit désormais de préciser.
Il s'agit donc d'amener et de continuer les réflexions sur les positions théoriques et idéologiques des économistes sur le colonialisme et l'esclavage.
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