Travail et Développement. Responsable : Patrice BORDA
Les thèmes de recherche du groupe "Travail et développement " se regroupent sous deux intitulés : " Protection sociale et chômage " et " Marché du travail et développement "
Protection sociale et chômage
L'objet de ce programme de recherche est d'étudier l'incidence des dépenses sociales et de leur financement sur l'emploi. S'y rattachent notamment les travaux de F. GAVREL et I. LEBON sur l'influence des cotisations sociales suivant le degré de centralisation des négociations salariales, sur la répartition des cotisations sociales entre employeurs et employés, ainsi que sur la substitution d'une allocation universelle aux allocations chômage. L'étude des allocations chômage constitue une dimension importante de ce programme. De manière générale, les travaux réalisés (ou en cours de réalisation) montrent que les allocations chômage ne sont pas toujours défavorables à l'emploi. Ainsi, D. FLEMING , F. GAVREL et I. LEBON établissent que dans des modèles où la main d'œuvre est hétérogène, en améliorant la qualité de l'appariement des travailleurs qualifiés, l'assurance chômage peut augmenter l'emploi des travailleurs non qualifiés.
Marché du travail et développement
La segmentation du marché du travail est une caractéristique majeure du marché du travail dans les pays émergents. L'on distingue généralement trois secteurs : le secteur moderne, le secteur informel et le secteur traditionnel. Un premier axe du programme de recherche est de relier cette segmentation du marché du travail au processus de développement ainsi qu'à décollage économique (" take-off ") qui suppose l'expansion du secteur moderne conduit inévitablement (par effet Todaro) à l'augmentation du chômage. P.BORDA et F. GAVREL partent d'une représentation duale de l'économie. Leur modèle intègre eux types d'externalités prenant leur source dans le secteur moderne et se propageant dans le secteur traditionnel. Il est établi que si les économies d'échelle sont importantes, l'économie possède deux régimes de croissance d'équilibre : le régime de sous-développemnt (ESD) et le régime de développement biaisé (EDB). Compris comme le passage du régime (ESD) au régime (EDB), le décollage associe expansion du secteur moderne et aggravation du chômage.
De même, F. GAVREL et I. LEBON étudient l'influence du secteur informel sur le marché de l'emploi. Le rôle de la formation de travailleurs qualifiés dans le processus de croissance des pays émergents constitue le second axe de ce programme.
Ainsi, J.P PLUMASSEAU qu'afin de ne pas trop affaiblir leur potentiel de croissance, les plans d'ajustement structurel doivent nécessairement épargner le secteur éducatif.
Damien Gaumont conduit ses travaux également dans cet axe de recherche.
Son premier article, intitulé " Legal Retirement Date, Learning-by-doing and Growth" vient d'être soumis à la revue Economics Letters. Dans le cadre du modèle à générations imbriquées avec offre de travail endogène en première période et offre de travail choisi par le gouvernement en seconde période par une loi fixant l'âge du départ en retraite, il étudie l'efficience dynamique de l'économie Cobb-Douglas. L'équilibre intertemporel existe, est unique et converge vers un équilibre stationnaire. Lorsque l'économie est caractérisée par un équilibre stationnaire en sous-accumulation (sur-accumulation) de capital et que les travailleurs jeunes et vieux sont substituts dans la fonction de production, alors un départ en retraite avancé (retardé) est Pareto améliorant. S'ils sont complémentaires, la conclusion est inversée.
Son second article est également consacré aux modèles à générations imbriquées avec offre de travail endogène aux deux périodes de vie. Il modélise l'accumulation de capital humain comme résultant d'une externalité d'apprentissage sur le tas. Il étudie alors l'impact d'un système de taxation / subvention des salaires des jeunes et des vieux sur la croissance endogène de très long terme de l'économie Cobb-Douglas. Le taux de croissance endogène de l'économie dépend uniquement du processus d'accumulation du capital humain. A court terme ou à moyen terme, c'est le contraire, la croissance économique est tirée uniquement par le capital physique lorsque l'externalité oblige à ne taxer que le salaire des vieux. Dans les autres cas, à nouveau la croissance économique est tirée par le capital humain.