AREC-F : Atelier de recherche sur l'enseignement du créole et du français dans l'espace américano-caraïbe

Le français des scolaires au Burkina Faso : Évaluation des niveaux de compétence

Anselme Yaro

avec la collaboration de Daniel Barreteau

mars 2004


Introduction

Au Burkina Faso, où l'on compte une soixantaine de langues "nationales", l'acquisition, la pratique et la maîtrise de la langue française sont primordiales pour les scolaires : bien que langue seconde pour la grande majorité, le français est la langue officielle du pays, la langue d’enseignement et de travail. Pourtant, en dépit des initiatives développées dans le système éducatif, on mentionne fréquemment la faiblesse des niveaux, le problème étant que l'on ne connaît effectivement que fort peu de choses sur les niveaux de maîtrise du français par les scolaires. L'objectif principal de la thèse d'Anselme Yaro (2004) était donc de cerner les niveaux de compétence des élèves en français (CM2, 3ème, Terminale) et d’identifier les déterminants de l'échec scolaire. Pour ce faire, il s'est appuyé sur le test d’Abidjan, élaboré par Chaudenson et al. (1997).

Ce test ne vise pas à un classement des francophones selon une simple dichotomie, mais plutôt à les évaluer sous différents aspects en les situant dans une échelle de compétences. Les unités et les structures évaluées relèvent de la phonétique, du lexique et de la grammaire. Dans le test, les candidats doivent répondre à des questions orales et écrites, raconter des histoires présentées par les images, remplir des cases dans des exercices à trous ou répondre à des questions à choix multiples. On utilise des supports oraux, écrits et visuels. Il implique que l’on effectue des enregistrements et que l’on relève des réponses écrites. Le barème de notation est équilibré : il permet de comparer les types de compétence. Chaque série comptant 100 points, le total des points pour l’ensemble du test est de 400. Dans le principe, la moyenne générale requise de 8,75/10 garantit qu’un locuteur atteint le "seuil minimal individuel de compétence" en français (SMIC) et donc qu’il est effectivement francophone. Le test porte sur quatre types d’épreuves, caractérisant quatre types de compétence : compréhension orale (CO), compréhension écrite (CE), production orale (PO) et production écrite (PE).

Les résultats globaux permettant de situer le pourcentage de "vrais" francophones, en respectant strictement la grille d'évaluation et les seuils établis par Chaudenson et al., auraient donné 73,3% en terminale, 35% en troisième et 2,1% en CM2. Compte tenu de la faiblesse de ces résultats, il nous a paru que l’appréciation semblait par trop "sévère", au vu de notre perception intuitive de la situation. Nous avons donc estimé plus judicieux de baisser le seuil. Mais comment opérer cet ajustement sans attribuer le statut sociolinguistique de "francophones" à des sujets qui ne le "méritaient" pas (en tombant dans une largesse excessive) ? Pour cela, considérant que les meilleurs élèves de CM2 étaient "francophones", nous avons ramené le SMIC à la moyenne déduite des meilleures notes des classes de CM2 (en prenant la meilleure note de chaque classe), soit une moyenne de 8,2/10 que nous avons arrondie à 8/10. En conséquence, la moyenne du SMIC a été rabaissée, dans cette étude, de 8,75 à 8/10, soit à un total de 320/400, au lieu de 350/400.

Les résultats seront présentés sous forme de moyennes sur dix ou de pourcentages de scolaires parvenus à tel ou tel niveau de compétence. Nous procéderons par types de compétence avant d'effectuer des comparaisons, puis la synthèse.

L'étude porte sur 28 classes (14 classes de CM2, 8 classes de 3ème et 6 classes de Terminale) et 280 élèves (10 élèves par classe), issus du milieu rural (Pouni-Zawara-Zamo), semi-rural (Koudougou-Réo, Fada N'Gourma) ou urbain (Ouagadougou).


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